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After Earth - Critique

Un film doté de moyens conséquents qui accroche sur le plan visuel, mais se révèle très classique et trop redondant pour convaincre. After earth laisse presque indifférent.

Publié le 31 Décembre 2013 par Dante_1984
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Forêt

Le nom de M. Night Shyamalan est raccroché à des perles du septième art de genre telles que Sixième sens, Incassable ou Signes. Des films qui laissent une empreinte nostalgique dans l'esprit des cinéphiles. D'aucuns considèrent qu'il s'agit là de ses meilleurs projets et que, depuis, le réalisateur a bien du mal à réunir les foules sous sa bannière. Même si ces derniers métrages en date ont davantage suscité la surprise (dans le mauvais sens du terme) et la polémique sur la direction que sa carrière emprunte, on espère toujours que son nouveau bébé ressuscite le phénix de ses cendres. Après Le dernier maître de l'air et son aspect commercial et grand public évident (mais beau et divertissant), After earth réconcilie-t-il Shyamalan avec son public ?


La vie est assez triste comme ça, pas la peine de faire grise mine.

Comme tout bon film de science-fiction qui se respecte, on commence avec un bref topo sur la situation. L'humanité fut contrainte de s'exiler sur une autre planète après avoir saccagé la Terre. La colonisation de Nova Prime connaît des débuts difficiles en se confrontant avec les Ursa, créatures monstrueuses qui se servent de la peur (et des phéromones qu'elle dégage) pour repérer ses victimes. Même si on a une petite idée de ce qui a poussé notre civilisation dans ses derniers retranchements, le scénario restera assez vague sur ce point. D'ailleurs, ne cherchez pas un quelconque message écologique du style « la Terre est fragile, protégeons-la », ce n'est pas du tout le propos du film. Force est de reconnaître que celle-ci s'’en sort très bien sans la présence néfaste de l'homme.

À l'instar de l'histoire dans son ensemble, la genèse jouit d'effets spéciaux léchés et d'un montage sans fioriture. Shyamalan nous comble les mirettes via des images clinquantes et épiques. Le travail est soigné, mais manque clairement d'une identité propre. Autrement dit, ce qui se déroule à l'écran a déjà été vu ailleurs sous un jour différent. Sur ce point (comme sur tant d'autres), on aurait espéré une prise de risque plus grande. L'aspect désertique de Nova Prime évoque Mars, tandis que la Terre se revêt d’une flore luxuriante qui rappelle l'Amazonie. Pour rester dans le domaine de la Science-fiction, la Terre « nouvelle-génération » demeure très loin de la majesté de Pandora, pour ne citer que la mythique planète d'Avatar.


L'aventure commence... ou se termine.

À ce titre, l'exploration de ce nouvel écosystème déçoit énormément. Le crash du vaisseau et... une forêt dense et hostile, tellement dense que tout s'y ressemble. Certes, l'on nous offre quelques panoramas somptueux (par exemple, les cascades), mais cela est bien trop sporadique et bref pour entretenir la variété. La progression se montre très redondante. Kitai court, Kitai escalade, Kitai a peur, Kitai court... Un constat d'autant plus navrant que l'aspect survivaliste plonge dans les oubliettes. Les filtres d'oxygène en quantité limitée ne proposent qu'une tension minime, alors que Kitai ne semble jamais souffrir de faim ou de soif (et une unique fois de froid !) et court toujours comme un cabri de but en blanc, malgré les épreuves qui l'accablent.

Cela reste peu crédible, mais la monotonie ambiante se propage jusque dans le scénario et les lignes de dialogue. La quête d'une balise de détresse à l'autre bout de la forêt, le fait que Kitai soit confronté à un environnement hostile et se contente de fuir la plupart du temps, ont du mal à garder l'attention du spectateur. Énième point qui fâche : les échanges laconiques entre le père et le fils sont répétitifs, brefs et ne véhiculent aucune émotion. On comprend qu'il y a davantage un rapport hiérarchique inhérent à l'armée, mais l'on a parfois l'impression que Kitai et Cypher sont deux inconnus l'un pour l'autre.


Cours Jaden ! Cours !

Le duo Will Smith et Jaden Smith monopolise littéralement le film. On ne reviendra pas sur l'éventuelle influence du premier pour faire jouer son fils, mais concentrons-nous sur leur prestation. Will Smith occupe un rôle à contre-emploi, le trublion de service auquel nous sommes habitués a définitivement disparu sous un masque impassible. C'est comme s'il avait repris le personnage de Robert Neville (Je suis une légende) en accentuant le côté austère, presque désabusé de ce dernier. On accroche ou pas, mais Will Smith nous offre une interprétation tout en nuance, malgré une palette d'expressions assez limitée. Quant à son fils, on sera nettement plus mitigé. Le jeune acteur éprouve de grandes difficultés à se détacher de l'image écrasante de son père. Une affirmation qui se confirme surtout quand ils partagent une scène.

Malheureusement, on terminera sur une note en demi-teinte avec la faune locale. On ne fustigera toujours pas les effets spéciaux, mais le peu d'espèces présentes à l'écran. Une horde de babouins mal léchés, une sangsue très collante, un rapace géant (très touchant), ainsi qu'une laie et ses marcassins, voilà ce que l'on découvre. Un choix bien trop limité pour donner naissance à un écosystème crédible et riche en surprise. On oubliera également l'évolution qui ne joue qu'un rôle minime sur la taille des animaux et non sur leur apparence. Il reste un extraterrestre au design séduisant, mais bien trop rare durant le récit.


Ça gronde six pieds sous terre.

Seule originalité à l'horizon : la créature se sert des phéromones de la peur pour repérer et tuer ses proies. L'idée est bonne puisqu'elle possède plusieurs domaines d'exploitation. D'une part, la dimension symbolique sur le fait de surmonter ses propres peurs est réelle. Cela permet de faire évoluer la perception des protagonistes, notamment le passage de l'enfance à l'âge adulte de manière abrupte. D'autre part, ce jeu du chat et de la souris se montre assez jouissif. Sauf qu'elle ne survient qu'en dernière partie de métrage et, qu'auparavant, l'on ne ressent nullement sa présence. Le cheminement s'en retrouve lésé par un handicap supplémentaire des plus déplaisants.

Difficile de dire si After earth est une déception. Ce genre de considération sous-entend que l'on attend le film de pied ferme. Malgré une beauté de façade, l'histoire se révèle trop morne et répétitive pour s'immerger dans une nature certes hostile, mais balisée par des rebondissements faciles et un environnement construit en vase clos. À cela, s'ajoutent des problèmes de rythme, des échanges froids et un duo d'acteurs qui supplantent l'exploration de cette nouvelle Terre (pourtant alléchante sur le papier). On pestera également contre un final assez conventionnel et alambiqué compte tenu des carences amorcées en amont. En ce cas, il aurait fallu trouver un chemin de traverse pour aboutir à cette conclusion. Bref, un blockbuster aseptisé, classique sur le fond qui ne vaut que par le soin apporté à ses effets spéciaux.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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