Aux Frontières de l'Aube
Dans le Sud des Etats-Unis, Caleb, un jeune cow-boy, s'éprend d'une splendide jeune femme de passage, nommée Mae. Malheureusement pour lui, celle-ci est en fait une vampire qui ne va pas tarder à le mordre et à le transformer en une créature du même acabit. Caleb s'enfuit mais le groupe de vampires dont fait parti Mae ne tarde pas à le récupérer.
C'est en 1987 que sort Aux frontières de l'aube aux Etats-Unis (Near Dark en VO) réalisé par Kathryn Bigelow dont c'est le deuxième film (après The Loveless). Celle-ci rencontrera plus tard le chemin de James Cameron (Terminator, Aliens) qu’elle épousera et de leur rencontre naîtront Point break et le thriller futuriste (et déjà passé – comprenne qui pourra…) Strange Days. La jeune réalisatrice s’atèle donc en 1987 à l’écriture du script avec Eric Red qui avait déjà signé le scénario de Hitcher. Tourné en 49 jours dont 36 pour les prises de vue nocturne, Near Dark dégage une amabiance absolument délicieuse. En effet, tout dans ce film de vampires tend vers la perfection : la photographie met en valeur avec perfection le côté « sexy » de la nuit, la musique des Tangerine Dream est à pleurer (d’ailleurs, je vous recommande grandement Sorcerer de William Friedkin et Legend de Ridley Scott) et la performance des acteurs est saisisante (On retrouve une partie du casting de Aliens à savoir Lance Henrickson, Bill Paxton et Jeanette Goldstein).
Mais parlons du principal : les vampires. Ici point de capes ni de crucifix à la Dracula mais un groupe de vampires assez atypiques. En effet, ceux-ci errent de villes en villes, dormant le jour et tuant la nuit pour se nourrir. Groupe également atypique de par sa composition qui ferait presque penser à une gentille petite famille: un couple (Lance Henrickson et Jeanette Goldstein) et trois enfants (Le barjo playboy interprété par Bill Paxton, Homer l’adulte piégé dans un corps d’enfant et la douce rêveuse Mae). Mais l’arrivée de Caleb transformera le train-train quotidien de la petite famille. L’histoire d’amour que nous dépeint la réalisatrice entre Caleb et Mae est saisissante d’esthétisme, rythmant le film du début (la première apparition de Mae au début du film ne vous laissera pas insensible comme le héros).
Il y a là aussi un formidable travail de la réalisatrice à nous identifier au personnage principal qu’est Caleb (Adrian Pasdar a tout juste 20 ans à la sortie du film). En effet, comme lui, nous tombons amoureux de Mae (la somptueuse Jenny Wright), comme lui nous ne comprenons pas ce qui nous arrive lorsque l’on brûle au soleil et comme lui nous sommes à la fois effrayés, abasourdis et fascinés par la terreur et l’érotisme qui émanent du groupe de vampires.
Durant l’année 87 est également sorti un autre film de vampires à savoir Génération Perdue (The Lost Boys, de Joel Shumacher) nettement moins bon mais qui disposait d'un plus grand impact marketing. Bref Near Dark essuya alors un flop relatif (malgré une Licorne d'Or au 17e Festival de Paris du Film Fantastique) mais au cours des années va se forger une réputation de film culte, chose qu'il est très facile de comprendre.
Au final, il reste aujourd’hui un road movie suffocant absolument magnifique, une histoire d’amour impossible. Le film recèle de scènes ou de plans devenus cultes qu’il vous sera difficile d’oublier (la virée dans le bar, le fusillade dans le bungalow, le groupe sortant du brouillard). C’est aussi la révélation d’une réalisatrice hors norme dans le milieu hollywoodien qui réitérera son coup de maître dès 1990 avec l’excellent Blue Steel (également co-écrit avec Eric Red, et avec en rôle principal Jamie Lee Curtis).
Un film de Kathryn Bigelow
Avec : Adrian Pasdar, Jenny Wright, Lance Henriksen, Bill Paxton