Chucky: la Poupée de Sang
Andy (Alex Vincent) pense s'être débarrassé pour de bon de la poupée tueuse Chucky. Mais, remis à neuf par des fabriquants de jouets, celui-ci n'a pas encore dit son dernier mot.
Le funeste Chucky, né de l'imagination de Don Mancini (qui réalisera prochainement le remake du premier épisode de la saga), fait partie des figures phares du cinéma d'épouvante depuis ses débuts sur le grand écran vers la fin des années 80.
Profitant du succès des slashers à série (à l'instar des Freddy, Vendredi 13 et autres Halloween), Mancini préfère troquer le masque du croque-mitaine pour un nouvel habit dans lequel s'enfilera avec brio l'esprit d'un tueur psychopathe : un corps de poupée. L'idée avait déjà été mise en avant auparavant (Les Poupées, entre autres), mais Chucky possède un charisme propre aux grands tueurs du Septième Art et le mélange détonant entre l'esprit ravagé de Charles Lee Ray et la trogne adorable de la poupée qui lui sert de corps offre une richesse certaine à ce personnage et de multiples possibilités à son créateur.
Dès lors, le succès de Jeu d'Enfant donne lieu à une suite. La mise en scène est laissée entre les mains d'un des scénaristes du premier Child's Play : John Lafia. Côté casting, seuls Chucky et sa victime favorite, le jeune Andy, sont encore de la partie. La mère d'Andy étant enfermée dans un hôpital psychiatrique, le gamin, encore perturbé, dénué de repères, est envoyé dans une famille d'accueil. Chucky, avide de revanche et "soigné" après avoir été abandonné dans une décharge, en lambeaux, compte bien investir le corps d'Andy, en s'aidant d'un rituel vaudou.
Achevé durant Chucky 3, l'affrontement entre Andy et Chucky est plus que jamais la clé de voûte de ce second volet, les autres personnages n'étant que très neutres et secondaires car ils ne croient pas aux paroles de l'enfant (hormis l'adolescente rebelle interprétée par Christine Elise). Même s'il pourrait en principe se contenter d'un autre corps, Chucky, assez tétu il est vrai, décide de prendre sa revanche et retrouve la trace d'Andy.
Entre les jeux d'ombre la nuit venue dans les longs couloirs de la maison et les meurtres originaux façonnés par l'abominable Chucky (qui se sert de jouets comme d'ustensiles meurtriers), les temps morts sont rares ici.
De plus, sans bénéficier des effets spéciaux qui lui apporteront une touche de réalisme supplémentaire dès La Fiancée de Chucky, notre poupée sanglante ne laissera pas indifférente avec sa mine de bambin angélique cachant un tueur psychopathe. Les apparences trompeuses sont en effet le thème de prédilection de la série. En effet, comment croire un gamin qui jure que sa poupée vit, parle et...tue ?
C'est ce jeu constant qui offre à la saga des Child's Play un tel panel de diversité et de rebondissements possibles.
Certes, cette suite profite de son prédécesseur mais sans disposer de l'aura du film de Tom Holland. Lafia, moins expérimenté (il signera ensuite une autre bonne série B : Max, le Meilleur Ami de l'Homme) se contente la plupart du temps de mettre le mieux en valeur possible des effets spéciaux qui tiennent une place à part dans la série.
On peut regretter que le jeune Alex Vincent ne puisse pas davantage approfondir la relation étrange nouée entre Andy et son bourreau, car le comédien semblait mieux maîtriser son personnage que dans Jeu D'Enfant, devenant plus que la victime désignée d'office de Ray.
Toutefois, à défaut d'être innovant, Lafia sait être efficace, et l'ensemble, malgré une photographie désormais un peu datée, remplit parfaitement son cahier des charges. En effet, il confirme le statut de star de la poupée sanglante et lance donc sur de bons rails la franchise Chucky à Hollywood.
A signaler que Chucky et Andy, devenu adolescent, achèveront leur duel dans l'épisode suivant, situé dans une école militaire, clotûrant ainsi la trilogie "sérieuse" des Child's Play, qui, comme son héros, renaîtra de ses cendres en jouant définitivement la carte du second degré, dès La Fiancée de Chucky.
Un film de John Lafia
Avec : Alex Vincent, Christine Elise, Jenny Agutter, Gerrit Graham