Voir la fiche complète du film : Donkey punch (Oliver Blackburn - 2008)

Donkey punch

Première réalisation pour le scénariste du mésestimé Vinyan, première déception de taille. Une idée première intrigante, voire dérangeante, qui se transforme rapidement en un huis-clos fade et sans envergure. Un film conventionnel dans son contenu et dans son traitement qui ne suscite qu’une profonde déception à l’égard des intentions de départ.

Publié le 27 Décembre 2010 par Dante_1984Voir la fiche de Donkey punch
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Bateau

Faisant la part belle à cette fameuse pratique sexuelle inhabituelle – le donkey punch – pour annoncer la couleur, le premier long-métrage d’Oliver Blackburn aurait pu s’avérer un film étonnant et pourquoi pas sujet à l’exposition des mœurs décadentes d’une jeunesse qui se recherche, une génération en perte de repères ou pis, ayant perdu tout espoir en l’avenir. Voilà les attentes que l’on était en droit d’exiger de la part de Donkey Punch. Malheureusement pour le spectateur, la suite des évènements va tendre à nous prouver amplement le contraire.


Elles sont loin de se douter de ce qui les attend à bord...

On débute donc l’histoire par une introduction très conventionnelle. Trois amies, des soirées à n’en plus finir et des hommes prêts à tout pour assouvir leur appétit insatiable de sexe. Pour peu, on se croirait presque plongé dans les méandres laborieux d’un slasher ou d’un survival bas de gamme. Une première demi-heure qui traîne en longueur afin de développer le caractère des personnages. En cela, ce n’aurait pu être gênant si seulement le résultat était au rendez-vous. Force est de constater que, malgré le soin apporté à chaque personnage, on se retrouve finalement avec des stéréotypes édulcorés qui ne susciteront qu’ennui et exaspération. La blonde ingénue, l’amie coquine, la jeune fille au cœur brisée et les machos de service, marin d’eau douce à leurs heures perdues.


Au large, personne ne vous entendra crier

Parti de ce constat, l’on se dit que c’est plutôt mal engagé. Va-t-on avoir droit à un retournement de situation inopiné ou à une trame scénaristique convenue et redondante ? Si la deuxième solution s’avère la plus probable, il faut reconnaître que l’histoire n’est pas forcément répétitive à tout bout de champ. Certes, cette première demi-heure dérape sur un sol glissant, mais ce n’est pas pour autant qu’il passera par-dessus bord immédiatement, du moins pour l'instant. Puis, surgit ce fameux donkey punch, aussi subreptice que décevant. Tout dérape à ce moment. L’instinct de survie se met en branle. Des cerveaux, fusent les idées les plus stupides qui soient afin de préserver leur petit train de vie pathétique. Un accident qui prend des proportions considérables au vu des réactions de chacun.


La chambre des sévices

A ce moment, on aurait encore pu espérer un traitement inaccoutumé afin de donner une véritable consistance au récit. Mis à part cette légère tendance à afficher l’irresponsabilité des protagonistes où en découle une lâcheté indéniable et vorace, aucun thème sous-jacent ne se manifeste. Tout juste est-on surpris par cet effet domino où chaque évènement engendre des conséquences incontrôlables et insoupçonnées. En cela, les motivations de chacun pour s’en sortir indemne paraissent, la plupart du temps, exagérées ou peu crédibles. On a du mal à y croire pour la simple et bonne raison que la caractérisation des personnages se veut sommaire et sans relief. Ainsi, on peut donc prévoir leurs réactions d’égoïstes, leurs sursauts d’orgueil et, parfois, leurs actes désespérées et/ou héroïques.


Un cadavre pour le moins encombrant

Sur le plan graphique, Donkey punch oscille entre le bon et le moins bon. La photographie s’avère des plus agréables. Un panel de couleurs bleutées parfaitement dans le ton d’un huis-clos en pleine mer, malgré des choix qui entacheront ce visuel léché et soigné. En effet, il réside un bémol de taille : la majeure partie du récit se déroule dans une pénombre quasi-permanente. Si à certains moments cela permet de s’immiscer dans l’histoire, en abuser s’avère vite agaçant pour nos rétines. Utiliser avec parcimonie, nul doute que cet effet aurait renforcé l’angoisse et accentuer la détresse dans laquelle s’empêtrent les protagonistes. Au lieu de cela, on peine à saisir le déroulement de l’action tout en pestant face à une image beaucoup trop sombre.


Mais que fait ce couteau dans mon épaule ?

Malgré tous ses défauts et la déception inévitable qu’il cause, Donkey punch recèle tout de même quelques aspects attrayants. Un huis-clos en mer sur un bateau de luxe s’avère toujours plaisant. Un endroit isolé qui nous change des habituels lieux perdus d’une forêt impénétrable, ou une quelconque île habitué par des fous furieux. Même s’il est difficile de dénicher une angoisse quelconque ou d’éprouver le danger permanent de la situation comme avait pu le faire auparavant Philip Noyce pour son Calme blanc, Donkey punch jouit d’un cadre qui aurait pu le servir beaucoup mieux qu’il ne l’est en réalité.


La majorité du film est plongée dans cette pénombre quasi-constante

Donkey punch est donc, à n’en pas douter, une déception sur presque tous les plans. Peut-être serez-vous plus indulgent, ce qui est préférable si vous désirez, ni plus, ni moins, un huis-clos divertissant mais certainement pas transcendant. On a la fâcheuse impression que le réalisateur s’est un peu moqué de nous en exposant à tout-va ce donkey punch. Un titre, une affiche et un concept, de prime abord, singulier qui aurait pu donner un film aux penchants scabreux, un récit âpre et sans concession sur une génération pourrie-gâtée, mais non. En place de cela, il s’agit d’un film oscillant entre le thriller sombre et l’horreur soft. Une thématique porteuse d’un anticonformisme certain qui s'avère, au final, une production conventionnelle et dénuée de toute ambition, si ténue soit-elle.

 

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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Donkey punch
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
99 min.
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Moyenne : 5.6 (7 votes)

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L’histoire vraie d’un véritable imposteur.

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