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Hinamizawa: Le Village Maudit - Critique

Un anime à la narration alambiquée qui exige du spectateur de se plonger corps et âme sous peine de se perdre dans les méandres tentaculaires du scénario. Il en ressort un moment fort où la violence est développée sous toutes ses facettes. La psychologie torturée se mêle à l'horreur dans une ambiance malsaine et dérangeante. Un thriller horrifique de premier ordre.
Publié le 5 Décembre 2012 par Dante_1984
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Adaptations de manga
En 1983, Keiichi emménage dans le petit village d'Hinamizawa. Au sein de son école et en compagnie de ses nouvelles amies, il apprend les étranges croyances locales et une malédiction qui semble se répéter tous les ans lors d'un festival. Bientôt, la fête approche et, avec elle, la mort risque de frapper à nouveau...

Adapter un manga en jeu vidéo s'est déjà vu par le passé. Ghost in the shell, Bleach, Dragon ball, .Hack et tellement d'autres. Il est vrai (à l'instar des adaptations concernant les films) que la qualité n'a pas toujours été au rendez-vous, mais l'inverse se produit rarement. Bien sûr, les mastodontes (Mario, Sonic, la saga Street fighter) ont eu droit à leur heure de gloire sur le petit écran (parfois sur le grand et pas pour le meilleur). Alors, quand il s'agit d'un visual novel ayant difficilement passé les frontières nippones (8 ans pour voir arriver chez nous ledit jeu), cela est d'autant plus surprenant.


Un petit village bien tranquille ? Pas sûr.

La particularité de cet anime (et du jeu vidéo) est de structurer sa trame narrative en arcs. En d'autres termes, l'histoire demeure quasiment la même au cours des 26 épisodes, mais les points de vue divergent. Ainsi, ce ne sont pas moins de six arcs (que l'on peut assimiler comme des chapitres) d'une durée moyenne de quatre à six épisodes qui semblent tourner et retourner le récit en tous sens. Un procédé répétitif ? Nullement. En effet, la compréhension ne se fait pas dans la progression de l'intrigue, mais en l'axant sous une perspective différente afin d'exposer tels éléments ou événements de prime abord inintelligibles.

Une méthode alambiqué s'il en est et surtout risqué lorsqu'il n'est pas maîtrisé. Cela explique sans doute son originalité et sa force en dépit de quelques faiblesses. Le scénario d'Higurashi se révèle assez complexe dans son ensemble. Beaucoup d'intervenants, d'enjeux à prendre en considération et d'histoires secondaires qui tissent le quotidien des villageois d'Hinamizawa. Il paraît difficile d'aborder l'anime sans le suivre assidûment. En soi, ce n'est pas une gageure puisque le plaisir est au rendez-vous. Et même dans cette optique, certains passages nous laissent dans le flou.


Non, vous ne voyez pas double.

À ce titre, la succession entre les arcs oscille entre une certaine fluidité (retour en arrière permanent qui permet de savoir où l'on se situe dans le temps) et un côté abrupt des plus déstabilisants. En dépit des protagonistes et du cadre, faire le lien entre les arcs n'est pas toujours évident. En cause, des événements qui prennent une tournure différente de ce qui a pu se produire auparavant, voire une contradiction flagrante qui tranche nette avec l'idée que l'on s'était forgé sur un personnage ou un passage clef. Il est assez difficile d'expliquer ce sentiment qui nous perd dans les méandres d'Hinamizawa avec un plaisir certain pour le déroutant. Néanmoins, on en redemande.

La raison principale réside dans une atmosphère malsaine et permanente qui sait jouer des moments plus détendus pour mieux nous piéger une fois les hostilités entamées. Doté d'une photographie bluffante où les teintes chaudes du crépuscule sublime des scènes d'une rare beauté, Higurashi se targue de distiller son aura délétère avec parcimonie. Les rires de possédés, les cris de douleurs, la sensation d'être épié, les astuces pour se sentir mal à l'aise ne sont pas novatrices, mais parfaitement retranscrites à l'écran pour nous faire prendre en considération les sentiments et émotions des protagonistes. À noter que l'ambiance sonore a fait l'objet d'un soin tout particulier : stridulation d'insectes, croassements lugubres, bruissements de feuilles. Ce ne sont que détails qui, mis bout à bout, contribue à cette atmosphère malsaine.


Une mort renversante.

L'on pourrait penser que la succession des arcs (et donc le retour au début de l'histoire) casse le rythme et handicape le climat instauré précédemment. Fort heureusement, il n'en est rien. Au contraire, cela procure un sentiment d'appréhension. L'on connaît les événements et l'on redoute le moment où un certain passage va survenir. Sauf qu'il ne se déroule pas vraiment comme prévu et prend une tout autre direction, à moins qu'il ne s'agisse d'une habile manipulation. C'est un peu comme retourner le couteau dans la plaie. Douloureux et imparable.

Le quotidien de Keiichi et ses amies paraissent d'une naïveté confondante avec la vie scolaire et les parties endiablées de leur fameux club très fermé, mais il dissimule sous ses airs bon-enfant des tourments palpables. La souffrance de chacun contribue à l'épaisseur de leur personnalité. Keiichi et ses visions paranoïaques, la rivalité sous-jacente entre les soeurs jumelles Mion et Shion, la maltraitance de Satoko sont autant d'exemples à citer qui montre que les apparences cachent le plus souvent des plaies que l'on ne parvient à penser.


La crucifixion est encore à la mode.

Les nerfs sont mis à rude épreuve avec Higurashi. La violence visuelle contraste avec un style graphique très « Kawaii » (scènes de tortures très explicites, même si l'on dénote de temps à autre quelques hors-champ) aux visages respirant l'innocence et aux couleurs chatoyantes. Le scénario complexe et alambiqué, sans oublier la progression sous forme d'arcs, demande une véritable implication de la part du spectateur. D'une part, être attentif à l'intrigue pour tenter de démêler le vrai du faux. D'autre part, faire face à une succession de points narratifs qui exigent de comprendre certains passages sous un angle différent afin de poursuivre l'histoire. Cet exercice n'est pas aisé et peut en décourager plus d'un, mais l'effort vaut le détour.

Saison 2 : intitulée sobrement Kai (qui signifie réponse), cette deuxième saison d'Hinamizawa permet d'éclairer toutes les zones d'ombre qui demeurait encore en suspens. Ainsi, les séquences qui semblaient incohérentes ou inintelligibles prennent ici une tout autre signification. Vingt-quatre épisodes indispensables pour prendre pleinement conscience du mystère entourant le village maudit, mais qui, par la même, ôtent quelque peu l'ambiance malsaine initiée auparavant. Pas de scènes de tortures ou de plongées tortueuses dans la folie. Les arcs se veulent plus conséquents (quatre arcs principaux) et se penchent sur le passé des protagonistes mis de côté lors de la première saison. Kai boucle la boucle tout en se terminant sur une note quelque peu déstabilisante.


Le dîner est servi.

OAV 1 (Saison 3) : Cette première série d'OAV considéré comme la troisième saison d'Hinamizawa fait office de cadeau pour les inconditionnels. En effet, les trois arcs présents (dont deux qui se tiennent sur un seul épisode) n'apportent strictement rien au mystère du petit village. Là où on aurait pu espérer une éventuelle explication sur la dernière scène de la saison 2, on se retrouve avec cinq épisodes pas vraiment indispensables qui troquent l'angoisse à l'insouciance dans une ambiance bon-enfant.

OAV 2 (Saison 4) : Deuxième série d'OAV qui se veut dans la continuité de son prédécesseur. Autrement dit, on passe à la trappe l'atmosphère poisseuse et sinistre au bénéfice d’épisodes à l'intrigue nulle où le principal atout est de contempler les formes aguicheuses de ses charmantes protagonistes dans des costumes tout aussi seyants. Il n'y a guère d'intérêt à poursuivre ce genre d'OAV destinée encore une fois aux fans de la première heure. En somme, un bonus « deluxe » sans grand intérêt qui dénature quelque peu la caractérisation des personnages

N. B. Étant donné les deux séries d'OAV comportent à elles deux seulement neufs épisodes et qu'ils n'entrent pas en compte dans l'intrigue à proprement parler, la note porte sur les deux premières saisons. Devant leur excellence, il n'y a pas lieu de faire une moyenne.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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Réalisateur:
Durée:
50 x 25 min
6
Moyenne : 6 (2 votes)
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