Voir la fiche complète du film : Il varco (Federico Ferrone, Michele Manzolini - 2019)

Il varco - Critique

Le point de vue choisi par les réalisateurs pourra rebuter certains spectateurs, mais l'expérience est à tenter

Publié le 29 Avril 2022 par Geoffrey
Voir la fiche de Il varco
5

La guerre et ses horreurs est certainement l’un des thèmes les plus usités au cinéma depuis sa création. On ne compte plus les œuvres à s’y être intéressées de façon plus ou moins originales, du simple film de guerre propagandiste au chef-d’œuvre réflexif quant à la condition humaine, sans oublier, bien sûr, la tonne de documentaires. A ceux-ci, il conviendra dès lors d’ajouter cet IL VARCO réalisé par les Italiens Federico Ferrone et Michele Manzolini sur base de documents d’archives.

Le film s’ouvre sur un carton présentant le contexte historique : nous sommes en plein été 1941, l’Allemagne nazie envahit Union soviétique et l’Italie se prépare à envoyer ses premiers soldats sur le front ukrainien. S’ensuivent quelques images d’archives auxquelles vient enfin se superposer la voix du narrateur. Et c’est là que le dispositif va poser un dilemme au spectateur : embarquer à bord ou rester sur le bas-côté. Car la voix (celle de l’écrivain et musicien Emidio Clementi) va accompagner tout le film afin de lier les images et de proposer une narration comme si les images étaient celles vues par un soldat envoyé au front. C’est donc une histoire tout à fait fantasmée (la vie, les rêves et les désillusions d’un jeune soldat fasciste) à laquelle nous allons assister par le biais d’images réelles.

Et il faut admettre que le matériel d’archives recueilli par les deux réalisateurs est incroyable. S’il ne fallait retenir qu’une chose d’IL VARCO, ce serait ça. Que ce soit la scène de danse lors de la Nuit de Sant'Elia située dans un village de Borșa en Transylvanie, où l’armée s’arrête un jour avant de repartir pour le front, de simples moments de vie ou encore la scène des chants de chorale entonnés par les prisonniers de l’Armée rouge, tout témoigne à merveille de la réalité de l’époque, ainsi que de son atmosphère mortifère.

Là où le bât blesse, c’est dans le point de vue choisi par les réalisateurs, celui, inventé, d’un jeune soldat fascite, donc. Comme écrit plus haut, le dispositif pourra rebuter certains spectateurs, dont j’ai malheureusement fait partie. À mon grand regret, je ne suis jamais entré dans le film, me contentant de regarder défiler les images en ayant le sentiment de passer à côté de l’expérience. Une expérience que je vous encourage toutefois à tenter via le joli DVD édité par Blaq Out (un DVD qui a en outre le bon goût de proposer, en bonus, un autre film de Federico Ferrone et Michele Manzolini, Le Train pour Moscou).

Portrait de Geoffrey

A propos de l'auteur : Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

Autres critiques

Hinamizawa: Le village maudit

Hinamizawa: Le village maudit

Tout comme les remakes et autres reboots, les films-live sont une manne providentielle pour les producteurs avides de bénéfices faciles en misant sur une histoire qui a déjà fait ses preuves dans un passé plus ou moins lointain. Le souci ? Comme trop souvent, le processus d'adaptation connaît quelques hauts et beaucoup de bas. Qu'il s'agisse de bandes dessinées, de jeux vidéo, de comics ou, en l...
Zombeavers

Zombeavers

Il est des productions que l’on sait d’avance ratées ou destinées à public amateur de nanars et autres navets. Avec les films catastrophe, le survival animalier est les porte-étendard le plus malmené. Ce n’est pas parce que l’on évoque des sujets plus irréalistes que crédibles, qu’il faut en faire n’importe quoi. Même un pitch complètement idiot, on peut...
The Day

The Day

**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** Suite à une catastrophe qui a décimé la population, un groupe de cinq survivants sillonne le pays, en quête de nourriture et d'un abri. Ils restent toutefois sur leurs gardes, n'étant pas les seuls humains affamés. Réalisateur jusqu'ici réputé pour des oeuvres mineures (un tristounet Highlander : Endgame et Animals , énième...
Le fantôme de Milburn

Le fantôme de Milburn

Adapter un roman pour le grand écran est toujours délicat. Si l’on part du principe que le livre est un best-seller, l’attente des lecteurs est une pression supplémentaire pour la production. Or, il existe deux types d’adaptation: celle purement mercantile qui se moque bien de l’histoire originelle et des personnes qui l’apprécient. Celle qui tente de coller au plus juste à la vision de l’auteur...
Les Démons du Maïs 4: La Moisson

Les Démons du Maïs 4: La Moisson

La saga des Children of the Corn est un exemple, que dis-je, un cas d'école dans ce qu'on appelle généralement les films d'exploitation "direct-to-video". Si aujourd'hui, ces métrages bon marché garnissent généralement les bacs à soldes des grandes surfaces ou font le bonheur des chaînes câblées telles que SyFy (le remake du premier film de la saga a d'ailleurs été...