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Les Chroniques d'Erzebeth - Critique

Un film dispensable sur la comtesse Báthory.

Publié le 16 Février 2014 par AqME
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Au même titre que les créatures mystiques et mythologiques, les légendes urbaines et les légendes historiques avec une pointe de mysticisme et de surnaturel ont toujours plu et attiré les pires hypothèses. On pense invariablement au prince Vlad Tepes dit l'Empaleur et qui sera renommé Dracula par la suite et qui donnera naissance au mythe des vampires.
L'Europe de l'Est est vraiment une terre fertile en matière de légendes historiques et d'histoires surnaturelles. S'il y a bien entendu les vampires, on y retrouve aussi les sorcières comme la Baba Yaga, les ogres ou encore les poltergeists. Si l'on mêle histoire et fantastique, une femme qui a vraiment existé aura fait fantasmer bon nombre d'historiens et de romanciers. Erzebeth Bathory est une comtesse qui avait pour habitude, selon les dires, de se baigner dans du sang de vierges afin de rester jeune éternellement. On retrouve quelques films traitant de ce sujet sans prendre un recul historique comme Eternal ou encore La Comtesse de Julie Delpy. Chroniques d'Erzebeth va essayer de proposer une version vraiment historique, en relatant les évènements de la comtesse selon toute vraisemblance. Alors le film est-il bon ? La vérité à propos de cette femme sera-t-elle rétablie ? Petit bond en arrière à la frontière caucasienne.


Voilà une sacrée belle bougie !

Le scénario se porte essentiellement sur le côté historique de l'histoire de Erzebeth Bathory, comment elle devient comtesse, avec son mari qui est plus souvent à la guerre qu'à la maison et qui revient transformé et plus violent. On découvre aussi comment elle tombe amoureuse d'un peintre capturé par son mari, Carvaggio, et comment ce dernier se sauve pour échapper au mari jaloux. Enfin, on va constater sa fin, avec les stratagèmes mis en place par ses ennemis, dont Thurzo, qui ne souhaite rien d'autre que la gloire et des terres. Ainsi, plutôt que de s'appesantir sur une légende factice, on va voir les hommes qui ont marqué la vie de Erzebeth et sa bataille contre ce monde d'hommes qui se sentent supérieurs. Tout cela est raconté par un prêtre qui fut l'un des envoyés de l'église pour espionner la comtesse, qui était suspectée de faire de la sorcellerie pour rester jeune et vive. Tout cela aurait pu être fort intéressant et bien sympathique, seulement, encore faut-il avoir un peu de talent. Si la mise en scène reste soignée, on remarque immédiatement le problème de budget et la volonté de faire un film épique. Les scènes de bataille sont assez faméliques et on se contentera de quelques scènes sans grande prétention. Le découpage en chapitre est inopportun et casse le rythme de l'histoire. D'autant plus que cela ne sert pas à grand-chose, étant donné que les trois hommes ayant marqué la vie de la comtesse sont présents dès le début, malgré des ampleurs différentes au fil des ans. L'autre léger point faible du film, c'est que malgré la volonté de faire un drame historique, le narrateur et le scénariste n'ont pu s'empêcher de mettre de la sorcellerie. On aura la présence d'une sorcière qui possède de vrais dons puisqu'elle prédit l'avenir et rend la comtesse complètement parano et à moitié folle suite à la perte de son mari. Du coup, le côté réaliste en prend un coup et on aura bien du mal à se replonger dans cette histoire.

Le film possède des longueurs insupportables et on s'ennuie la plupart du temps: discussion sans grand intérêt, passages de folie de la comtesse visuellement pénibles... Au niveau du casting, Anna Friel campe une très belle comtesse et s'investit de façon convaincante dans son rôle. On remarquera tout de même qu'elle surjoue lors des moments de folie. C'est assez malheureux à dire, mais les meilleurs acteurs sont Hans Matheson qui joue le peintre Caravaggio et Karel Roden incarnant Thurzo. Le premier est assez touchant malgré des débuts difficiles et il est peut-être le seul à voir la comtesse comme une personne normale. Le second est assez charismatique en méchant au grand front qui essaye de se faire la comtesse avant de vouloir la condamner pour sorcellerie. Il se fera bien avoir sur la fin, mais cette dernière est d'une longueur et d'une lourdeur scénaristique à ne plus rien comprendre. C'est vraiment dommage de se contenter du minimum et d'utiliser la scène de la baignoire en ne disant qu'une seule chose, que ce sont des plantes rouges qui colorent la flotte. Bref, rien de bien sulfureux, et côté historique, il faut vraiment se concentrer sur les passations de pouvoir, sur les jeux de stratégie de cour et tout cela est vraiment trop long.


Non, ce n'est pas Jésus, mais le méchant de l'histoire.

Au final, Chroniques d'Erzebeth est un film historique prenant quelques libertés en essayant de racoler un public avide de fantastique. Il en résulte un drame mou du genou, qui possède une réalisation correcte, mais qui est beaucoup trop long. Dans le même genre, il sera plus judicieux de choisir un Barry Lyndon, un poil plus long et diablement plus touchant, efficace et historique. Bref, voilà un film dispensable sur la comtesse Bathory.

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