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Le Sang des Innocents - Critique

Après une première scène parfaite, Dario Argento signe un métrage très correct, multipliant les références à sa filmographie dense.

Publié le 1 Janvier 2008
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Tueur en série

Turin, 1983. Une série de meurtres ensanglante la ville italienne. Ce serait l'oeuvre du "Nain", un mystérieux meurtrier. Dix-sept ans après, une prostituée -Amanda-, découvre par inadvertance des preuves sur ces crimes, et l'identité du tueur. Hélas, pour elle, le tueur s'en rend compte et pourchasse sa proie dans un train. C'est ainsi que recommence une série de meurtres sanglants. Comme "le fantôme du nain", ressurgissant de son tombeau, le commissaire Moretti alors à la retraite, reprend du service. Ainsi que le jeune Giacomo, qui avait 17 ans avant assisté impuissant au meurtre sauvage de sa mère.

Oyé oyé, Le sang des Innocents marque le grand retour de Dario Argento au giallo (ce genre codifié italien avec un tueur ganté et des meurtres sanglants -note: l'équivalent du slasher-qui avait connu son dernier cri avec Ténèbres en 1983). Car c'est bien une excellente, mais néanmoins macabre surprise que nous offre le maître de l'horreur italien. Alors que le film est sorti voilà deux ans en Italie, on finissait par désespérer de le voir débarquer en France. Passées les premières inquiétudes (du fait d'échos assez négatifs), le film démarre sur les chapeaux de roues et l'envoutement peut commencer. Avec sa scène d'anthologie où une jeune prostitué est pourchassé par le tueur dans un train désert, l'angoisse nous étreint et une lueur d'espoir apparaît: Argento aurait t'il retrouvé la hargne d'antan? A cette réponse,je réponds oui. Les vingts minutes pendant lesquelles Amanda tente d'échapper à son "destin" sont fortes et mémorables. Un jeu cruel où le spectateur se fait le complice des crimes rituels, car seul un réalisateur de la trempe de Dario Argento pouvait mettre en scène avec la virtuosité nécessaire les meurtres. C'est bien la grande qualité du film que de réussir quasiment toutes les mises à morts.

Avec Non Ho Sonno (rien ne vaut le titre original), rarement le terme d'oeuvre ne pouvait être appliqué véritablement. Les meurtres sont très graphiques; le meurtrier suit une logique qui lui est toute propre (tirée d'une comptine pour enfants!!!). On assiste à une véritable compilation de ce que d'Argento a fait auparavant: les références sont multiples des Frissons de l'angoisse à Opéra, sans oublier Suspiria ou Ténèbres. Le réalisateur filme comme il l'a toujours fait, sans tenir compte des tendances clippesques à la mode. Cette intégrité est à saluer.

 

Pourtant, il y a quelques imperfections mineures (des acteurs pas toujours au top et une enquête filmée à la manière d'un téléfilm, et les victimes semblent se mettre en danger quasi volontairement). Mais pour le reste, laissez vous bercer par la contine, signée Asia Argento, et la musique des Goblins. Pour une fois, j'ai trouvé l'intrigue plus travaillée qu'à l'accoutumé chez Argento. L'identité du tueur reste mystérieuse jusqu'au bout grâce à un suspense réussi. Tout se tient, en conservant ses fantasmes propres: l'élément de l'eau (tiens, Inferno), le meurtrier présumé est un écrivain (Ténèbres), l'élément des contes pour enfants (comme dans Suspiria). Seul moment où la pression se relâche, c'est lorsque les enquêteurs convient des nains pour un interrogatoire, ce qui donne à la scène un petit moment de décalage.

 

Argento a bien mérité ses galons de grand maître d'orchestre de l'horreur européenne (le dernier grand cinéaste du genre en Italie) et tel un phénix renaît de ses cendres (parce que son avant-dernier film, Le fantôme de l'opéra laisse perplexe). Attention toutefois, Le sang des Innocents est à réserver à un public averti.

Pour finir je tiens à m'indigner sur sa très mauvaise distribution (une cinquantaine de copie, ça méritait plus). J'ai du faire des kilomètres(même dans ma ville, il n'est pas sorti) pour le voir. Un périple qui valait largement le déplacement. Non censuré, le film montre ce que devrait être tout bon film d'horreur, loin de la fadeur des films sortis des usines américaines (les derniers slashers montrent des signes de fadeur inquiétants). Et dire que Dario nous promet une trilogie. J'espère que celle-ci aboutira contrairement à celles des Trois soeurs (Suspiria et Inferno ). En tout cas, ça met en appêtit.

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