Voir la fiche complète du film : Godzilla 2: Roi des monstres (Michael Dougherty - 2019)

Godzilla 2 : Roi des monstres - Critique

Cette nouvelle incursion dans le MonsterVerse se solde par des exigences revues à la baisse et une standardisation du propos pour fournir une distraction simpliste, voire rudimentaire dans ses mécanismes de narration. Il en ressort une suite dispensable si l’on excepte les combats titanesques qui occupent la majeure partie du film durant plus de deux heures. Un blockbuster sans âme, vide de sens et incapable de développer une ambiance propre à son sujet.

Publié le 28 Mars 2021 par Dante_1984
Voir la fiche de Godzilla 2: Roi des monstres
4

En l’espace de deux métrages, le MonsterVerse s’est distingué par des œuvres foncièrement différentes. Derrière les apparats du blockbuster, chaque réalisation s’est forgée une identité qui s’écarte sensiblement des approches basiques et sans âme. Pour Godzilla premier du nom, l’hommage aux films de kaïjus s’est doublé d’une formidable ambiance apocalyptique. Pour Kong : Skull Island, on se trouvait avec un traitement qui faisait se coïncider le film d’aventures et de guerre avec des connotations évoquant le conflit du Vietnam. Godzilla 2 – Roi des monstres constitue donc la troisième itération de la franchise qui amorce le travail au crossover Godzilla Vs Kong.

 

Avant de s’atteler à un tel projet, Michael Dougherty s’est distingué par de modestes incursions horrifiques qui, à leur échelle, se sont avérées efficaces. On songe surtout à Krampus et son étonnant détournement de la fête de Noël. Le fait de s’attaquer à une production de cette envergure a de quoi décontenancer. Et cela se ressent dès les premiers instants. Certes, l’intrigue s’inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur. On y retrouve également des figures connues. En un sens, le travail de continuité sur le plan narratif est respecté, développant la mythologie du MonsterVerse. Seulement, le cinéaste semble bien vite dépassé par les évènements.

Il a beau être conscient du potentiel initial, son approche se contente du minimum syndical pour remplir le cahier des charges d’un blockbuster. On ne peut pas fustiger les effets spéciaux ou le gigantisme des monstres, même si ce dernier point s’avère moins surprenant qu’auparavant. L’enrobage est flatteur pour la rétine et les scènes de destruction sont bien menées avec ce qu’il faut d’effets pyrotechniques pour dépeindre des affrontements titanesques. Dans les airs ou sur terre (parfois sous l’eau), les combats tirent parti des aptitudes et de la force des créatures, rendant les rapports de force équilibrés. Seulement…

 

Au sortir de cette débauche visuelle, Godzilla 2 – Roi des monstres dissimule une vacuité scénaristique peu commune. Hormis cet enchaînement épileptique de confrontations, le récit se contente d’aligner les clichés sous couvert de prétextes invraisemblables. On songe aux comportements et aux motivations des protagonistes qui se contredisent ou use d’arguments sommaires afin de justifier leurs réactions. Il est difficile de leur prêter du crédit. Encore plus de se sentir impliquer dans leurs vaines tentatives de contrecarrer la destruction apocalyptique annoncée. Et ce ne sont pas les quelques pseudo-messages sur l’état actuel de notre planète ou de notre société qui change la donne.

Hormis les combats de titans, on a l’impression que le reste des séquences fait office d’intermèdes. Une sorte d’entracte entre deux rounds censée faire patienter le spectateur en mal d’actions décérébrées. Si le tout se révèle dynamique, il n’en demeure pas moins une évolution poussive qui privilégie la surenchère à un minimum de cohérence. Les lignes de dialogue sont éculées et confèrent de temps à autre un second degré qui nivelle par le bas le semblant d’atmosphère instauré jusqu’alors. Vraisemblablement, Michael Dougherty est bien moins à l’aise que Gareth Edwards pour canaliser l’énergie requise à cet exercice cinématographique.

 

Au final, Godzilla 2 – Roi des monstres s’avère une grande déception. Derrière son aspect ultra-référentiel et sa débauche d’effets spéciaux, cette suite se trouve aux antipodes des deux précédents métrages du MonsterVerse. Michael Dougherty se contente de proposer un divertissement de bas étage qui ne s’embarrasse guère d’une intrigue potable. On a beau apprécier des affrontements violents, la surprise est passée et dissimule avec difficulté les atours peu flatteurs d’un blockbuster sans identité, contrairement à ses prédécesseurs. Une action tonitruante, un monster design de premier ordre, mais un traitement basique au possible, totalement dénué de fond.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

The Last Sharknado : It's About Time

The Last Sharknado : It's About Time

Depuis 2013, Sharknado est devenu un phénomène aussi inexplicable qu’incongru. Malgré sa débilité clairement affichée, une équipe au rabais et un concept fauché en rase-mottes, Anthony C. Ferrante a réussi le pari hautement improbable de rendre «culte» un étron du septième art. Comme évoqué dans les critiques des précédents volets, la nullité s’est avérée un standard de...
Death valley

Death valley

Si l’on excepte l’incontournable Walking dead et les animes japonais, le zombie et la série TV sont un mélange plutôt rare. Cette créature en décomposition est davantage à l’aise sur grand écran. Pourtant, l’on a eu droit à Dead set , mini-série savoureuse tournant en dérision la télé-réalité de fort belle manière. Plus récemment, le projet avorté de Zombieland et son...
Bates Motel : Saison 1

Bates Motel : Saison 1

Suite à la mort troublante de son époux, Norma Bates, accompagnée de son fils Norman, emménage dans une nouvelle ville, bien décidée à oublier ce drame. Rachetant un motel délabré, elle comprend rapidement qu'elle n'est pas la bienvenue en ville. Haut monument cinématographique, la franchise des Psychose passe sur le petit écran à l'occasion d'une évocation de la jeunesse de...
Black Christmas

Black Christmas

Le Black Christmas de Bob Clark est considéré par les spécialistes, contrairement à une croyance populaire répandue qui veut que ce soit le Halloween de Carpenter, comme le père fondateur du slasher (avec la Baie Sanglante ). Il faut dire que tous les futurs ingrédients de ce sous-genre mal-aimé s'y trouvaient déjà et ce, deux ans avant que le Michael Myers de Big John débarque sur les écrans...
Brisby et le Secret de NIMH

Brisby et le Secret de NIMH

Avec Brisby et le secret de NIMH, Don Bluth se démarquait des productions Disney des années 80, rompant avec son ancien employeur pour devenir un véritable concurrent dans le monde de l'animation. Ce film marquait une révolution dans ce secteur dominé par la firme aux grandes oreilles, même si son succès commercial aux États-Unis ne fut pas à la hauteur des attentes, un drame terriblement...